Roman Immortelle - Extrait Atlantide

Immortelle Extrait du tome 1 page 184

Je suis là, face à la mer, je ne sens pas le vent, il n’y en a pas, tout au plus une légère brise. Le ciel est sombre déjà, non pas la nuit mais la pénombre. Je suis calme, d’un calme olympien, si ce n’est que je suis sur mon île, l’Atlantide, mon rêve, ma beauté, ma perfection.

J’attends, ils sont partis certainement : il n’y a que moi ici, rien ne bouge à part quelques mèches de mes cheveux, quelques plis de la robe ; elle est blanche ma robe, et longue, blanche et longue pour ce jour très spécial… le dernier !

Je suis jeune encore, mes cheveux blonds me couvrent le dos, je sens la pierre sur mon front, la douceur de l’air sur ma peau. Il fait bon, pourtant le pire se prépare, l’inévitable. J’attends… bien droite, les yeux rivés sur l’horizon. Dans cet endroit magnifique que je connais bien, si bien, ce temple et ce jardin où je me suis promenée tant de fois, où tant d’événements ont eu lieu. Des colonnes surmontées d’arcades ajoutent leur beauté à cet espace puis la mer, enfin, infinie, immense.

J’attends, je sais que tu vas venir, m’emporter, me délivrer de ce corps de chair. Fuir, pourquoi fuir ? Porter cette connaissance ailleurs et reproduire ce qui se vient ? L’homme n’est pas prêt, l’humanité n’est pas prête, ils n’ont pas compris, j’emporte tout cela avec moi.

Sauver ma vie, qu’importe, j’ai vécu, je ne fuirai pas. Le temps s’est arrêté, la prêtresse en moi lance une dernière prière : « Mon Dieu, qu’avons-nous fait… Puissent-ils nous pardonner… »

Mais le temps s’est arrêté et elle est comme hypnotisée par la mer, il n’y a plus un oiseau, plus un seul animal, seulement ce silence, si intense, si pénétrant. Et la voilà, enfin, l’attendue, la bienvenue peut-être, celle qui effacera les erreurs, est-ce bien elle ? si loin encore et pourtant si proche…

La Vague, la Seule, l’Unique, je suis prête…